△ TÉMOIGNAGES

pluie-d'été

"témoignage d'une âme, tutrice."

Le rendez-vous de Pluie-d'Eté avait duré bien plus longtemps que prévu ; bien que l'âme apprécie son rôle de tutrice des nouvelles âmes, ces cas d'Âmes Indigènes qui se multipliaient la préoccupaient. Soit les nouveaux arrivants n'étaient plus capables de se battre, soit les humains étaient de plus en plus fort ... Quand Pluie-d'Eté était arrivée sur Terre, il ne lui avait pas fallu plus de quelques semaines pour faire taire son humaine. Moins même ; il fallait dire qu'elle n'était pas tombée sur la plus intelligente et puis elle n'avait que dix-sept ans. A cette pensée, l'Âme fut parcouru d'un frisson ; son corps avait aujourd'hui vingt-trois ans. Six ans déjà qu'elle vivait ici. Ces six années étaient si vite passés ; mais comme elle aimait ce monde. Au moment où elle avait pris possession du corps de Sarah, les Âmes avaient déjà le monopole sur les humains et la paix avait déjà été établie. Bien heureusement ; Rainy n'aurais pas supporté un tel chaos. Le monde des Ours l'avaient surement vacciné ; une telle violence y régnait, elle était un véritable Âme qui ne supportait que le calme décidément. Aujourd'hui, Sarah s'était totalement tu, il ne restait plus que son corps qui était désormais le mien. Rainy s'émerveillait presque tous les jours sur ce corps et la Terre désormais paisible. Et puis il y avait Chante-la-Nuit, Rêve-Éveillé et tous les autres. Toutes ces âmes qui, comme elle, ne s'étaient jamais autant sentis chez eux. L'âme prit le temps de s'étirer pour s'installer ; il lui arrivait parfois de chercher au fond de son esprit si Sarah était encore là, mais elle ne retrouvait que ses souvenirs. Des souvenirs idiots. Et puis, pour la première fois, un cri perçant traversa l'esprit de Pluie-d'Eté, lui procurant une douleur atroce. Elle s'empressa de créer une nouvelle barrière. Quelle était cette voie ? Un souvenir ou ... Sarah ?

fleur-face-au-soleil-levant & fleur e. ziegar

"témoignage d'une âme déchirée entre son hôte et elle même."

Cinq, six, peut être même sept cycles dans le monde des fleurs sans chercher à changer quoi que ce soit ; là-bas, Fleur-face-au-Soleil-Levant avait été bien. Tutrice, à l'écoute des autres, toujours en train d'aider ces nouvelles fleurs qui avaient du mal à devenir elles-même. Elle s'était sentie à sa place, dans cet univers sans cesse grandissant. Seulement, il faut bien changer d'air un jour, tester de nouveaux horizons, chercher une nouvelle maison, puisque l'ancienne ne suffisait plus. On a envie de s'envoler, de découvrir, d'explorer, de voir si l'ailleurs n'est pas mieux. Cependant, cette étape peut se révéler plus dure, beaucoup plus difficile. La Terre, monde hostile, peu accueillant aux premiers abords, des hôtes violents, instables, bien trop indomptables. On lui avait juré que c'était un bel endroit, que les sensations étaient bien plus grandes que dans son monde d'origine. Euphémisme. Les sensations étaient violentes, à l'image de l'espèce qui vivait dans cet endroit. Le pire, c'était elle. Ellen Andrea Ziegar. Jeune femme d'une vingtaine d'année, ex étudiante à ses heures perdues, mais également hôte de l'ancienne fleur suspendue. Cette garce qui sans cesse se faisait entendre. Qui sans cesse, lui rappelait que Fleur n'était pas à sa place. Après tout, elle n'était qu'un parasite. Elle aurait pu aller se plaindre, changer de corps. Mais Fleur voulait être plus forte qu'elle ; se prouver qu'elle était quelqu'un de bien plus important qu'un hôte. Mais elle était faible. Elle aurait mieux fait de tout arrêter bien avant Parce que maintenant, elle ne la contrôle plus. Ellen devient de plus en plus forte ; Ellen lui vole des heures, parfois. Des heures qui partent en fumée. Des heures où Fleur ne sait pas ce qu'elle a bien pu commettre comme horreurs.

grace "lucky" midwood

"témoignage d'une survivante."

La terre a été envahie. Il y a bien longtemps que j'ai cessé de dire "notre Terre". Elle n'est plus à nous. Je comprend seulement maintenant qu'elle ne l'a jamais vraiment été... J'avais toujours cru qu'il y avait des choses dans l'Univers qui resteraient toujours les mêmes, inchangées. Que j'obtiendrais mon diplôme, que tous les soirs je retrouverais Noisette, mon labrador, à la maison, que ma mère m'appellerait tous les soirs pour savoir comment s'était passé ma journée.
Oui, je pensais vraiment que les années s'écouleraient sur ce même modèle, constantes. Une fois de plus je me trompais. Car ils étaient venus, invisibles, discrets et organisés. Il nous a fallu un bon moment pour nous rendre compte de leur présence, c'est ce qui nous a été fatal. Le temps pour moi d'ouvrir les yeux et l'humanité avait déjà succombé. J'ai vu notre race s'éteindre, un par un, impuissante face à ce massacre silencieux. C'était ça qui m'avait le plus effrayé, mécaniques, ils nous détruisaient si facilement. Une simple incision. Il ne nous serait fait aucun mal. C'était toujours ce qu'ils disaient pour nous attraper. Pourtant ils avaient violé notre ultime demeure, l'endroit que nous croyons notre jusqu'à la fin : nos esprits. Aujourd'hui, je me cache. J'ai oublié mon nom, il ne m'est plus familier, j'ai abandonné mon ancienne vie, consciente que je ne la récupérerais jamais. Les parasites m'ont tout pris... Qu'ai-je à perdre, désormais ? Pourquoi poursuivre le combat alors que l'ennemi a déjà gagné ? Pourtant je me sens incapable de disparaitre sans me battre. Je ne rendrais pas les armes, non, jamais. Je défendrais ma dernière possession, mon ultime forteresse jusqu'à en perdre la vie. Je sais depuis longtemps que nous sommes voués à l'extinction, c'est une fatalité à laquelle nous nous sommes faits. Notre souhait désormais, n'est plus de reprendre possession de la Terre, mais de mourir. Mourir en étant nous même, en étant conscients. J'espère de tout cœur avoir cette chance.